La diminution des horaires d’ouverture de la Poste, prélude à la fermeture, est vécue comme un abandon par les acteurs de la vie économiques des services publics et privés de notre territoire. Quelles solutions une municipalité peut elle envisager?
Depuis plusieurs années, nous sentions que la poste souhaitait limiter ses bureaux de proximité. Au niveau départemental, la planification de la fermeture des bureaux a été mise en place. Nous l’avions su grâce aux organisations syndicales. Dès 2010, un changement des horaires avait été évoqué avec la municipalité. Ces changements se faisaient au désavantage des usagers. Il avait été convenu avec la municipalité d’un jour de fermeture, le lundi, au lieu d’avoir des horaires qui n’étaient pas les mêmes suivant les jours. Ces nouveaux horaires, disparates, auraient entraîné des difficultés de lisibilité pour les usagers.
En créant ces difficultés, il était évident que l’objectif de la direction de la poste était de faire baisser le nombre d’usagers accueillis et, à terme, fermer le bureau. Cette disposition a tenu :1 jour de fermeture mais même amplitude d’horaire pour les jours restant de la semaine, jusqu’en 2019. Ensuite, les horaires ont changé sans que la municipalité propose un autre choix. En 2020, la question a été posé au Conseil Municipal sur la crainte de la fermeture. M. Le Maire a répondu en précisant qu’il n’était pas au courant des objectifs de la poste.
Le COVID n’a fait qu’accélérer la fermeture… sans doute aider par l’arrivée du Distributeur Automatique des Billets
Le DAB au Cellier
« Cela faisait 16 ans que les habitants du Cellier l’attendaient. Le nombre de distributeurs automatiques de billets baisse d’année en année, et cette disparition est souvent le signe de la désertification des communes. Beaucoup de municipalités se battent d’ailleurs pour conserver leurs distributeurs de billets. La société Brinks lance une initiative pour installer et mettre en service des distributeurs appelés « point cash ». L’installation de ce DAB au Cellier a été relayé sur les médias nationaux.
Nous aurions dû tout apprendre de l’exemple de Mauves-sur-Loire.« … la fermeture annoncée de l’agence du Crédit Mutuel et surtout du Distributeur Automatique de Billets, qui soulève l’indignation de tous. Le commerce local a retrouvé depuis un an, un élan et une diversité incontestable, la disparition du distributeur couplée avec la diminution des horaires d’ouverture de la Poste, est vécue comme un abandon par les acteurs de la vie économiques des services publics et privés de notre territoire ». (Les dits de Mauves juillet-aout 2017). Les malviens ont eu droit à une double peine : fermeture de la poste et du DAB, fermeture de la poste avec création d’une « poste relais » prise en charge par le bureau de tabac…Le distributeur de Mauves-sur-Loire venait de fermer quelque temps auparavant. Le président du Conseil d’Administration des Sociétaires du Crédit Mutuel n’était autre que l’adjoint actuel à l’environnement, au tourisme et à la vie économique du Cellier…
La question d’une poste-relais a été posée à différents commerces du Cellier. La gérante du Proxi en a accepté la charge. Monsieur Le Maire ne peut pas dire qu’il n’était pas au courant…Mais d’autres solutions pour la commune étaient possibles. Pratiquement toutes les communes sont dans cette situation. La commune de Saint Mars du Désert a fait un autre choix. Elle lui était sans doute important que ce service reste « un service public ». Depuis plusieurs années, la municipalité jouant son rôle de prévision sur les aléas de la vie économique locale a engagé toute une réflexion sur un « Tiers-Lieu » : «Il n’est pas simple de comprendre le terme de « Tiers Lieu », nom générique qui commence à apparaître un peu partout. Un Tiers Lieu désigne un lieu physique atypique, qui n’est ni la maison, ni le travail, mais un entre deux ou l’on peut travailler, se reposer, manger, prendre un café, se rencontrer, avoir accès à des services aux publics, pourquoi pas organiser des débats, une exposition, un concert…
En réalité, un tiers lieu c’est une sorte d’espace public en intérieur dont le contenu n’est pas défini à l’avance : cela dépend des besoins et attentes de ceux et celles qui souhaitent le porter ! » (https://www.saint-mars-du-desert.fr/mairie/tiers-lieu-4496.html). Il a été discuté de la présence de la Poste Agence Communale dans ce tiers-lieu. Dans ce cas, la poste finance une partie du salaire de l’agent communal. Même question pour Oudon où une manifestation s’est déroulée, organisée par un collectif de lutte contre la fermeture de la poste. Les élus ont fonctionné différemment : « La Poste devient une agence postale communale ; Il y a quelques mois, la Poste a informé la mairie qu’elle veut revoir les horaires d’ouverture du bureau de poste. Le maire et la commission Vie locale et citoyenne se sont saisis du sujet » Ouest-France12/10/2021.
Suite à Oudon
» La Poste a avancé deux propositions permettant d’ancrer durablement le service postal dans la commune : la création d’une agence postale gérée par la collectivité ou la création d’un relais, en confiant la gestion à un commerçant.
Au regard de la volonté municipale de trouver une solution pérenne et compte tenu des projets de développement de services de proximité à
travers l’extension de la mairie, La Poste propose d’accompagner la
collectivité dans son souhait de créer une agence postale communale.
a indiqué Noëlle Perroin, adjointe à la vie locale et citoyenne.
« Ce partenariat fera l’objet d’une convention définissant les modalités
de fonctionnement de cette agence, les engagements et les responsabilités de chaque partie ».
Voici les termes de cette convention : la commune assure la gestion de
l’agence avec son personnel ; elle fournit les locaux, assure leur bon
fonctionnement et les entretient ; l’agence est fonctionnellement rattachée au bureau central d’Ancenis, elle propose des produits et services postaux et financiers.
La Poste s’engage à verser une indemnité d’installation équivalente à
trois fois l’indemnité mensuelle et subventionne les travaux à hauteur de
25 000 €. Elle fournit le matériel nécessaire à l’exécution du service dont
l’équipement informatique, une armoire forte, une balance, les imprimés et les consommables.
Enfin, La Poste verse mensuellement une indemnité compensatrice.
a précisé l’adjointe. « Le distributeur automatique de billets, propriété de la commune, restera en fonction »,
À la demande de la commune, la convention sera conclue pour une
période de neuf ans renouvelable. Un vote à bulletin secret a été demandé pour l’approbation des termes de cette convention. Il a donné 21 voix pour, 3 contre et 3 abstentions.
L’agence sera installée dans les locaux de la mairie. » (ouest-france du 31/01/2022)
L’abandon de poste…au Cellier
Revenons au Cellier, au même moment le logement qui se trouve à l’étage de la poste se trouve en vente par Habitat 44 qui a jeté l’éponge pour rénover celui-ci. La municipalité pouvait très bien récupérer ce bien au même prix qu’elle avait cédé quelques temps auparavant. Garder le Bâtiment dans sa globalité a du sens. Reprendre ce bâtiment avec l’abandon de la location de la poste aurait permis de consolider le bourg en créant des espaces pour du commerce …ou un tiers-lieu. Le souci que nous rencontrons avec cette municipalité c’est qu’elle avantage les initiatives privées et non l’intérêt général. Mais ce n’est pas le marché qui va réguler la vie sociale et économique du Cellier, l’art de gouverner c’est l’art de prévoir. La commune de Saint-Mars du désert l’a bien compris. Dans la rénovation du bourg, elle a acquis quelques bâtiments…
Concernant le DAB, la municipalité paie un loyer de 1200€ par mois. Alors que le COVID a montré que les achats réglés par «sans contact» devenait la norme. La municipalité aurait-elle 16 ans de retard ? L’autre proposition pour favoriser le commerce locale est la monnaie locale, mais c’est une autre histoire….
…au profit d’… ?
Pour conclure, il va de soi que la location de l’ancienne poste doit être accessible à toutes les personnes qui souhaitent ouvrir un commerce ou un atelier, avec une priorité aux commerces ou artisans qui n’ont pas de lieu pour exercer (question posée au Conseil Municipal du 23 mars 2021 et du 16 novembre 2021). Il serait incompréhensible si ce local accueille un commerce ayant déjà pignon sur rue au Cellier, indéfendable si ce local est destiné à l’un des proches d’un conseiller municipal. Il y aurait alors conflits d’intérêts ou délits d’initiés puisqu’à ce jour, aucune communication n’a été faite sur la location de ce local….