la santé rentre en résistance

En novembre 2021, l’expérience du COVID aurait-elle changé quelque chose? oui des démissions de personnels qui sont à bout…nous vous invitons à lire l’ouvrage du Pr Grimaldi qui est en quelque sorte un état des lieux de la santé en France. Vous trouverez ici l’interview qu’il a donné à Regards:

Depuis quelques temps nous pouvons dire que la santé rentre en résistance. Des exemples: Ancenis, bien sûr, mais aussi des EHPAD et pour finir la COORDINATION NATIONALE des COMITÉS de DÉFENSE des HÔPITAUX et MATERNITÉS de proximité.

En ce mois d’octobre 2018, BASTAMAG sort une série d’enquêtes à commencer par cet article du 4 octobre: « Depuis plusieurs mois, un mouvement social d’ampleur agite les hôpitaux psychiatriques. À Amiens, les soignants sont en grève depuis trois mois. À Rouen, ils ont mené une grève de la faim pendant 18 jours. Au Havre, ils ont campé deux semaines sur le toit des urgences. Des collectifs se montent, des manifestations s’enchaînent. »…

Faisons le point sur ANCENIS:

Début 2017: « Le site accuse deux millions d’euros de déficit. L’agence régionale de santé l’enjoint à rétablir l’équilibre en trois ans. Le personnel, mais aussi la direction, ne l’entendent pas de cette oreille.

groupement hospitalier territorial
vu sur FO

Premiers vœux du centre hospitalier Erdre et Loire et premières soupes à la grimace. À peine née (officiellement mi-décembre 2016), la nouvelle entité, fruit de la fusion de trois établissements avec l’hôpital ancenien (1) hérite d’un passif d’environ deux millions d’euros.

Soit, approximativement la somme équivalente au déficit enregistré par la structure. Un passif sur lequel l’Agence régionale de santé, à l’heure où l’État et la Sécurité sociale mettent en avant ses « bons comptes », semble se montrer intraitable.

Hier, à l’heure de déguster les dernières galettes et de trinquer à la nouvelle année, les discours étaient graves. Avec, pour commencer, l’annonce du directeur Patrick Giraud : « La forte dégradation financière qui résulte des recettes d’activité insuffisantes pour couvrir l’ensemble de nos charges a conduit, dans le courant de l’année 2016, à placer l’établissement dans un contrat de retour à l’équilibre sur trois ans. »

Pour le directeur, l’explication tient sur deux points : « Un brutal affaiblissement de nos activités sanitaires », à savoir une baisse dans les services de maternité (593 accouchements en 2016, contre 749 en 2015), ainsi qu’en chirurgie.

« Intenable, injouable »

L’explication est liée au départ, en courant d’année de deux gynécologues, seulement remplacé par l’arrivée de trois nouveaux en novembre, et d’un chirurgien orthopédiste. Sachant que depuis 2004, la santé financière de ce service public dépend du nombre de tarifications à l’acte. Pour Patrick Giraud, l’injonction, toujours en cours d’élaboration, de l’Agence régionale de santé (ARS) est intenable.

Un discours repris par le maire Jean-Michel Tobie : « L’Agence régionale de santé nous demande de faire des économies tout en gagnant des parts de marchés. Ce n’est pas jouable. » Et le maire de glisser : « On sait bien qu’avec une structure qui fonctionne avec 70 % de dépenses de personnels, on finira par s’attaquer au personnel. »

Pas de quoi rassurer une de ses représentants, en la personne de Sandrine Chausson, déléguée CFDT. Fait exceptionnel, la syndicaliste s’est invitée au micro lors de cette cérémonie protocolaire. « On nous parle d’augmenter l’activité en diminuant le nombre de ceux qui la mettent en oeuvre… »

(1) Avec les Éphad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Candé, Oudon et Varades »

La réponse de la CFDT: Malaise chez le personnel et menace de grève .
Pour Sandrine Chausson, le déficit est le fruit d’une gestion « à l’envers », Et d’illustrer son propos: « En 2012, pour combler le déficit, la fonction ménage a été « externalisée ». L’occasion de supprimer six emplois de contractuels et de donner encore plus de travail aux aides-soignantes. Cerise sur le gâteau, en 2014, sept postes d’aides-soignants ont été supprimés. Et aujourd’hui, l’ARS a financé un audit qui a coûté 100000 € pour conclure … qu’il faut reprendre sept agents pour faire le ménage dans les chambres … et bien sûr, supprimer autant d’aides soignantes … »
Pour la syndicaliste comme pour trois autres représentants infirmiers ou aides-soignants présents à la cérémonie des vœux, la coupe est pleine ! Depuis des mois et l’annonce de l’audit cet été, les agents sont sous pression. Cette ambiance rejaillit sur leur santé, certains envisagent même de changer de métier … »
En novembre dernier,117 salariés, soit un quart des effectifs s’était mis en grève pour protester contre la réduction du nombre de RTT. « Du jamais vu à l’hôpital d’Ancenis».
Hier, Sandrine Chausson a « solennellement prévenu la direction et l’ARS: qu’ils ne touchent plus au temps de travail des hospitaliers et ne suppriment pas d’autres postes
dans les soins sans un risque de dérapage majeur! » (O-F, 19 janvier 2017)

Collectif pour l’Hôpital de Moûtiers nous informe, GHT : qu’est-ce que c’est ?

Les GHT, ce sont déjà les Groupements Hospitaliers de Territoire.

Dans les grandes lignes, il s’agit d’une composante de la loi de modernisation du système de santé, dite Loi Touraine, en préparation depuis 2014 et imposant aux hôpitaux d’un même territoire de se regrouper autour d’un projet commun. Officiellement, il ne s’agit pas d’un programme destiné à faire des économies même si par exemple, il est question de mutualiser certains achats.

L’objectif de l’ARS est le suivant (extrait du site de l’ARS le 05/04/2016) :

« Objectif : garantir à tous les patients un meilleur accès aux soins en renforçant la coopération entre hôpitaux publics autour d’un projet médical. Cette nouveauté permettra, en inscrivant les hôpitaux publics dans une vision partagée de l’offre de soins, de mieux organiser les prises en charge, territoire par territoire, et de présenter un projet médical répondant aux besoins de la population. »

Cela peut aller de mutualiser les achats, les systèmes d’informations, mais aussi les services et les moyens associés. Indirectement, il est craint une réduction d’effectifs, et donc une réduction de la qualité/rapidité des soins ou un éloignement des services par rapport aux bassins de vie…..

Plus d’informations sur les luttes en cours sur le site de la Coordination Nationale. coordination nationaleCommuniqué de la coordination, décembre 2017: « Avec le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2018 du nouveau gouvernement il ne s’agit pas uniquement de réduire les dépenses publiques, c’est en priorité une volonté « de mettre la protection sociale au service des entreprises » et surtout au service des appétits financiers de quelques grands groupes qui n’acceptent pas que le « marché » de la santé leur échappe.
L’augmentation de la CSG et la suppression de cotisations sociales constituent une étape supplémentaire vers la remise en cause du principe des ordonnances de 1945 « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ».« 

A NANTES,

Depuis 2003, le Collectif nantais « Pour le droit à la Santé et à la protection sociale pour toutes et tous » défend avec opiniâtreté les principes d’une Assurance maladie solidaire seule garante d’une couverture socialisée de la maladie et de soins de qualité pour toutes et tous.  Quelques mots de J-L Landas et de P. Caboret pour le collectif sur le PDF suivant « Pratiques n- 74_Caboret Landas_Un collectif qui resiste (2) » . Ils terminent en ces termes: « Notre tâche nous semble bien vaste et nous assistons impuissants à la privatisation de notre protection sociale, aux fermetures de services ou d’hôpitaux considérés désormais comme non rentables… Mais il nous faut poursuivre et parfaire cette démarche originale de rassemblement aussi bien localement que nationalement. Il nous faut retrouver tous ceux qui nous ont quittés et se joindre aux mobilisations de soignants qui se multiplient autour de nous… »

Il serait sans doute bien utile de faire un inventaire de ce qu’a pu apporter la « gauche » comme élément dans cette déconstruction de la « Sécurité Sociale »: création du forfait hospitalier comme moteur dans l’entrée des « mutuelles » privées au détriment de la sécu; création des ARH (futur ARS) véritables pilotes pour détruire l’hôpital de proximité, réduire les personnels,…collaborant avec les directeurs d’établissement au détriment des Conseils d’Administration. Ces mêmes directeurs, ne restant pas en place plus de 5 ans, sont en concurrence entre eux, à  qui fait le meilleur boulot au bénéfice des ARS (ceux-ci sont bien formés en cela par les écoles de la santé): c’est la promotion ARS.
C’est le dogme du libéralisme. On a, même fait, rentré la médecine privée au sein des hôpitaux publiques!!! Et comment voulez vous que les jeunes médecins choisissent le cabinet libéral en campagne alors que les »spécialistes »  sont rétribués 30 à 60 € suivant la spécialité (et encore ils peuvent pratiquer des « honoraires libres »…).  Qui a parlé de médecine  à 2  voir 3 vitesses? Et pourtant, nous y avons cru au changement avec J.Ralite, lors des Assises de la Santé en 1983 (mais ça date), nous avions espéré qu’il donne un bon coup de balai dans la « fourmilière des patrons au sein des hôpitaux ».
l’exemple du régime d’Assurance Maladie d’Alsace-Moselle

Cet exemple va à l’encontre de ce que peuvent raconter les chantres du libéralisme: oui un régime géré par les salariés peut être à l’équilibre. Le régime d’Assurance Maladie d’Alsace-Moselle est un régime local uniquement financé par les cotisations des salariés et des retraités. Il assure à ces bénéficiaires un complément sur les prestations maladies versées par le régime général des salariés. Ce système est géré régionalement et de manière autonome depuis 1995.

Dans le régime local d’Alsace-Moselle, la mutuelle complémentaire est obligatoire pour les salariés. Contrairement au reste de la France, ces habitants salariés sont donc affiliés à cette complémentaire santé. Car ce sont les salariés et retraités qui financent ce système, par le biais de leurs cotisations: 1,5% sont prélevés directement sur les salaires et retraites des adhérents. Seuls les retraités non imposables au titre de l’impôt sur le revenu français sont exemptés de cotisations.régime local

De plus, avec la gestion responsable de son conseil d’administration composé de représentants des salariés, les comptes sont à l’équilibre. Le coût de gestion du Régime Local s’élève à 1,1%, alors qu’il est en moyenne de 20% pour les assureurs privés… C’est rassurant en cette période difficile pour les finances publiques !

plus d’infos soit directement sur le site: http://regime-local.fr/ Le Régime Local d’assurance maladie d’Alsace Moselle Un site utilisant WordPress

ou  sur http://www.outilsdusoin.fr/spip.php?article112

 

Autre réflexion sur BASTAMAG en 2011 avec l’interview de André Grimaldi : « Santé, Sécurité sociale, hôpital, nous devons tout remettre à plat » 

« Privatisation rampante et logiques mercantiles, fermeture d’hôpitaux, politique du médicament incohérente, augmentation des déserts médicaux… Où va notre système dManifeste pour une santé égalitaire et solidaire - 123 personnalités s'engagente santé ? Pour André Grimaldi, professeur de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière (Paris), il est urgent de tout remette à plat et de revenir aux valeurs de solidarité et d’égalité fondatrices de la Sécurité sociale en 1945. Il est co-auteur du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire, signé par 123 personnalités du monde médical et de la société civile. »

 

les grèves sur Nantes

dès juin 2017 la polyclinique de l’Atlantique de Nantes était en grève: extraits de O-F du 23 juin 2017

 » Un vrai malaise social

Ce mouvement est symptomatique d’un vrai malaise. Et de la difficulté pour le groupe privé Elsan (le premier à Nantes dans le domaine de la santé) d’expliquer et de mettre en oeuvre, sur le plan social, le regroupement en cours : d’ici 2018-2019, la clinique Saint-Augustin, l’institut de la main et la clinique ophtalmologique Sourdille rejoindront dans de nouveaux bâtiments en construction, la Polyclinique.

À terme, plus de 30 spécialités médicales seront proposées. 1 200 personnes travailleront sur le site (contre environ 600 actuellement). Mais, auparavant, il faut harmoniser les statuts.

« Nous sommes à bout »

Sans attendre les négociations, le personnel a fait connaître son exaspération « Nous sommes à bout. On a tiré le signal d’alarme à diverses reprises, mais on ne nous entend pas. Ça a fini par déborder. »

Les salariés dénoncent le bas niveau des salaires. « Comme agent de service, je perçois 1 100 € net par mois », dit une femme qui sera en retraite dans quelques mois. « Moi, en qualité de brancardier, je touche 1 180 € », ajoute un homme. « Quant à moi, je suis infirmière, j’ai vingt-neuf années d’expérience et mon salaire est de 1 850 € net »

Une autre infirmière a calculé que, compte tenu de son temps de travail, son salaire horaire était de 11,20 € !… »

15 juin-15 aout 2018: 2 mois de grève à l’HP d’Amiens

juin 2018: soirée de soutien aux luttes des salarié.e.s de Brétéché à Nantes

2018: les grèves dans la santé sur le département 44