les grèves dans la santé sur le département

santé département 44
octobre 2021

En ce mois de juin 2018, les choses ont l’air de s’accélérer que ce soit au niveau national ou départemental, nous relayons ici les grèves dans la santé sur le département Loire-Atlantique.Mais aussi à Rouen où des soignants ont du faire une grève de la faim pour obtenir 3 postes sur les 50 demandés

Les ambulances Douillard en grève

Rémunérations, journées à rallonge… L’intersyndicale dénonce des conditions dégradées, dans un groupe présent dans trois départements ligériens.  | Archives Ouest-France – Bertrand GUILLOT.

Grève ce mardi 5 juin chez les ambulances Douillard. Rémunérations, journées à rallonge… L’intersyndicale dénonce des conditions dégradées, dans un groupe présent dans trois départements ligériens.

Une grève chez les ambulanciers représente à elle seule un petit événement, même en cette période de grogne sociale. Celle de ce mardi 5 juin ne devrait pas passer inaperçue, surtout en Loire-Atlantique. Car elle concerne les ambulances Douillard, un poids lourd de la profession, en position de quasi-monopole, notamment dans le sud du département.

À l’origine, on trouve une petite entreprise partie de Clisson voilà quinze ans. Une petite boîte devenue grande en avalant la concurrence. Aujourd’hui, c’est une holding de seize sociétés dans trois départements de la région : Loire-Atlantique donc, mais aussi Maine-et-Loire et Vendée. La structure, depuis juillet dernier, fait partie intégrante d’un mastodonte, le groupe de transport public Keolis, une filiale de la SNCF devenue en quelques mois un acteur majeur du transport sanitaire, via sa filiale Keolis Santé.

Dans la région, l’entité génère 30 millions de chiffre d’affaires et emploie pas moins de 800 salariés. Ce secteur d’activité s’avère le plus juteux parmi les branches des transports publics. « Les perspectives de croissance sont significatives », pronostique Yohann Bataille, délégué CFDT à Clisson. Un contexte loin de déclencher l’enthousiasme du représentant syndical.

Nuits et week-end moins payés

Comme ses homologues de la CGT, Yohann Bataille estime que la fusion au sein du groupe Keolis vient accélérer le malaise salarial d’une corporation déjà en souffrance. La convention collective nationale, qui remonte à 2000, prévoit notamment 10 % de salaire en moins pour une journée de dix heures (pour cause de temps de pause).

« De plus, la nuit et le week-end, nous sommes encore moins payés que pendant la semaine. Dans le même temps, la facture transport est majorée à 175 % », dénonce Aurélie Guillou, déléguée syndicale CGT à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.

Ces conditions de travail continueraient de se dégrader à un rythme croissant sous l’entité Keolis. « On essaye de mettre tout le monde au plus bas niveau », tonne Aurélie Guillou. Elle énumère : suppression des primes, dénonciation des usages (accords non écrits), écarts de salaires d’une entreprise à l’autre… Surtout, des amplitudes horaires de plus en plus vastes. Sans parler des plannings communiqués la veille au soir.

Une situation générée par la captation des marchés d’appels d’offres d’un groupe en position dominante, grâce à la mutualisation de sa masse salariale. « Dernièrement, une ambulance d’Ancenis est intervenue dans le sud-Nantes », rapporte la responsable CGT.

Mutualisation économique, mais pas sociale. L’intersyndicale réclame avant tout la reconnaissance de l’unité du groupe et la mise en place d’un comité d’entreprise, base de nouvelles négociations.

Ancenis

Ancenis. « Pourtant, j’aime mon métier d’ambulancier »

Dans certaines entreprises, l’ambulancier peut travailler plus de cinquante heures par semaine. Recueilli par Bertrand THOUAULT.

Modifié le 13/06/2018 à 00h09, Publié le 05/06/2018 à 18h08

Son métier d’ambulancier, Patrick (prénom d’emprunt) l’a choisi par passion. Il l’exerce depuis six ans et a voulu expliquer son quotidien au travail, le regard des autres.

Témoignage

« Démotivé, fatigué et mal payé. Je suis salarié dans une entreprise privée. Chacune a son fonctionnement. Chez nous, il y a un manque d’effectif et beaucoup de turnover. On nous appelle la veille à 19 h pour le lendemain, sans jamais savoir à quelle heure on débauche. Ce que je peux comprendre aussi car les patients appellent tard. Pour notre vie personnelle, c’est très compliqué.

En revanche, la garde du week-end (sur le lieu de travail) est anticipée. Chez nous, un dimanche sur deux est travaillé, mais dans la plupart des cas, c’est le week-end entier. Cela varie beaucoup d’une entreprise à l’autre.

« On sent qu’on est des esclaves, c’est ça ! »

En moyenne, nous faisons 47 heures par semaine. Certains font plus de 50 h. Nous sommes en amplitude horaire. On peut faire jusqu’à 12 h par jour et même 15 h, une fois dans la semaine, car c’est autorisé par la convention collective. Je suis allé une fois jusqu’à 17 h. Du lundi au vendredi, 90 % des heures travaillées sont payées et 75 % le week-end, la nuit et les jours fériés (ex : 12 h travaillées sont payées 9 h). En revanche, sur ces jours, la facturation des patients est majorée de 50  à 75 %, tandis que notre salaire est minoré.

Il y a un ras-le-bol. On sent qu’on est des esclaves. On voit les cernes apparaître. Ça devient une usine. On a davantage de patients et pas le nombre de véhicules et le personnel requis pour s’en occuper.

Si le patient est mal installé dans l’ambulance, il est hors de question que je parte. Au niveau de sa transmission, quelle que soit la structure, hôpital, Ehpad public ou privé (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), on manque d’information. C’est savoir s’il est douloureux, s’il peut marcher, s’il a de l’oxygène, s’il est isolé. Souvent, on nous dit : « vous n’avez pas besoin de savoir. » Un patient agressif, ça serait bien de nous le dire. Hier, on nous a signalé une précaution air (port d’un masque entre autres). Mais parfois, on ne nous prévient pas qu’un patient a deux bactéries. Pour cette précaution contact, il faut un équipement spécifique (gants, surblouse, etc). Dans ces cas-là, on prend des risques.

« On nous appelle parfois des livreurs »

Le personnel soignant des centres hospitaliers, des cliniques, des Ehpad ont une méconnaissance de notre métier. Par exemple, on ne doit pas faire les admissions. On nous y oblige en nous menaçant d’un « je ne prendrai pas le patient ». Ces derniers nous rapportent qu’on nous appelle les livreurs. Je leur réponds qu’on ne transporte pas un colis.

Tous les jours, des patients se plaignent, tout comme le personnel soignant, souvent débordé. J’ai déjà vu une infirmière avec vingt-quatre patients au lieu de douze. Quand on en croise un, deux fois dans la semaine, c’est un miracle.

Avec les retards, parfois deux heures, les médecins ne veulent pas prendre les patients et les renvoient chez eux. Or, sans prescription, il n’y a pas de facturation. En radiologie, c’est un sketch. Si on respectait la loi, on aurait moins de pression, moins de retard. Le nombre de patients augmentant en ambulatoire, cela devient plus difficile pour nous. Pourtant, j’aime mon métier. C’est une passion.

Ancenis. Les ambulanciers de Guillou Aillerie mobilisés

Mardi matin, une quarantaine d’ambulanciers de la société Guillou Aillerie ont manifesté sur le rond-point du péage Angers-Nantes, à Ancenis. | Ouest-France – Bertrand THOUAULT. Publié le 05/06/2018 à 21h54

Le mardi 5 juin, entre 6 h et 9 h 15, une quarantaine d’ambulanciers de la société Guillou-Aillerie, se sont retrouvés sur le rond-point du péage Angers-Nantes. Une manifestation à l’appel des syndicats régionaux CGT et CFDT des transports sanitaires. Cette grève de courte durée était annoncée dans toutes les entreprises de Loire-Atlantique, Vendée et du Maine-et-Loire.

«Les gens sont estomaqués»

« Il nous arrive de réaliser 200 heures par mois. Le week-end, si on travaille sur douze heures, nous n’avons que neuf heures de prises en compte. Sur un week-end, on donne donc six heures à l’entreprise. Idem pour la nuit ou les jours fériés,  explique Catherine Goizet, déléguée syndicale CFDT.  Les gens sont estomaqués. Ils ont klaxonné, baissé leurs vitres et nous ont dit : « On est avec vous, bravo, continuez ! », rapporte la mililtante.  Ils se sont rendu compte de notre situation professionnelle. Ils ne savaient pas que nos métiers étaient si mal payés. »

Pour mémoire, l’entreprise Guillou Aillerie rachetée par le Groupe Douillard en 2013, a été créée en 1974 par Christian et Jocelyne Guillou avec une activité en transport sanitaire et taxi. Puis, en 1998, elle a été attributaire du marché des transports sanitaires de l’hôpital Francis-Robert d’Ancenis. Après les rachats successifs de 2008 et 2009 des entreprises du secteur, les Ambulances Guillou-Aillerie sont devenues leaders dans la région d’Ancenis. Aujourd’hui, l’entreprise compte 45 sanitaires à Ancenis et Nort-sur-Erdre et sept à l’agence de Treillières.

Ambulances Douillard : forte mobilisation en Loire-Atlantique…

À Clisson, une quarante de salariés a cessé le travail.- Bertrand GUILLOT. Publié le 05/06/2018 à 12h02

Clisson, Ancenis, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu,… les ambulanciers de la holding Douillard ont cessé le travail plus de deux heures, ce mardi matin, pour protester contre leurs conditions de travail.

Depuis quelques semaines, les patients transportés sont sensibilisés par tracts. L’action avait précédé l’annonce d’un préavis de grève le 22 mai dernier. Un délai de 15 jours qui n’a manifestement pas suffi à déminer le conflit social.

Mardi 5 juin, une forte mobilisation a répondu à l’appel de l’intersyndicale CGT-CFDT. Notamment en Loire-Atlantique où les syndicats annoncent la cessation d’activité pendant environ 2 h 30 de 125 salariés sur les 600 que compte le département. Pour Aurélie Guillou, déléguée CGT, il s’agit d’ « une mobilisation inédite dans le secteur ».

L’entité « Les ambulances Douillard » constitue une holding qui regroupe seize sociétés en Pays de la Loire, parmi lesquelles, outre le site historique de Clisson, on trouve les ambulances Castel, à Châteaubriant, les Ambulances Guillou-Aillerie, à Ancenis, les Ambulances Jade, à Pornic, les Ambulances Loire et Sillon à Couëron,…

À noter la forte mobilisation à Clisson, mais aussi Ancenis avec une quarantaine de manifestants.

La holding Douillard dépend depuis près d’un an du groupe Kéolis Santé, filiale de la SNCF.

Nantes. Fin de la grève à Confluent

Les salariés de Confluent étaient toujours autant mobilisés hier. | Ouest-France – Julie CATEAU. Modifié le 13/06/2018 à 00h09- Publié le 05/06/2018 à 21h55

Après deux journées de mobilisation, les salariés de l’hôpital privé Confluent, à Nantes, estiment avoir obtenu suffisamment de garanties pour lever la grève.

La mobilisation de l’hôpital privé Confluent, à Nantes, n’a pas molli, hier. Reprise à 6 h 30, la grève illimitée, à l’appel de la CFDT, a totalisé, en deux jours, 1 200 grévistes. Après une assemblée générale des salariés dans l’après-midi, la CFDT a décidé de mettre fin au mouvement. La mobilisation a payé, mais seulement en partie.

Le syndicat, inquiet du projet de vente de l’hôpital, demandait la garantie des acquis sociaux (intégration au contrat de travail de chaque salarié du treizième mois, de primes, de la mutuelle…) et une amélioration des conditions de travail (recrutements rapides en CDI, augmentation de la valeur du point…). Des revendications pour préserver la situation des salariés, quelle que soit la décision de la prochaine assemblée générale du directoire, le 28 juin.

Victoire en demi-teinte

Ils n’ont obtenu qu’une partie de leurs demandes : le treizième mois prévu dans le contrat de travail, des renforts immédiats dans les services les plus en souffrance (chimiothérapie, oncologie…), le non-rappel des salariés pendant leurs jours de repos, la mutuelle protégée par un accord collectif. Mais la CFDT n’a pas obtenu de revalorisation de la valeur du point des salaires.

« Nous allons recevoir 300 € en chèques vacances, a indiqué Fabien Hallet, délégué syndical. Pour nous le pari est gagné. C’est un signal fort pour le groupe qui voudrait nous racheter. Nous avons montré qu’il existe un rapport de force en faveur des salariés afin de préserver les acquis. »

De son côté, hier soir, la direction n’a pas confirmé ces modalités.

Le protocole de fin de grève détaillant les points d’accords doit être signé ce matin. La CFDT reste inquiète du vote du 28 juin et maintient qu’elle ne soutient aucun des projets envisagés, ni vente totale ni vente des murs.

Nantes. La CFDT Confluent satisfaite de l’accord de fin de grève

La mobilisation a rassemblé environ 1 200 grévistes sur deux jours. | Ouest-France- Julie CATEAU.

La grève est bien terminée à l’hôpital privé Confluent. Le syndicat majoritaire estime avoir obtenu toutes les revendications qu’il pouvait espérer.

La grève illimitée à l’hôpital privé Confluent, démarrée lundi à l’appel de la CFDT, est bien terminée. Le protocole de fin de grève a été signé ce mercredi 6 juin, en fin de matinée.  « L’accord est bien conforme aux négociations d’hier, a déclaré Régine Darrozes, déléguée syndicale.  Nous estimons avoir obtenu toutes les revendications que nous pouvions espérer. Nous savons que dans un conflit social, dans les négociations, il y a toujours des points qui ne pourront pas être acceptés. Pour nous c’est une belle victoire. »

Réflexion pour la suite

Parmi les avancées obtenues par les salariés : le treizième mois inscrit dans le contrat de travail, la mutuelle garantie dans un accord collectif, le non-rappel des salariés sur leur temps de repos, des renforts dans les services les plus en souffrance (chimiothérapie, oncologie, brancardage notamment). Mais pas de garantie de l’emploi pour les quatre prochaines années, ni de revalorisation du point de salaire.

« Nous avons espoir que les médecins nous ont entendus » explique Régine Darrozes. La suite ? La CFDT section Confluent y réfléchit.  « Nous devons décider comment nous allons communiquer auprès des médecins actionnaires en vue du vote du 28 juin. Leur faire prendre conscience de leurs responsabilités et du risque qu’ils prennent à envisager de tout vendre à un groupe financier. »  D’éventuelles actions seront décidées après le 28 juin  « mais il y a les vacances » . Après le vote, il y aura une instruction du dossier en interne. Pour Régine Darrozes, la décision définitive devrait avoir lieu avant la fin 2018.

Grève à Bretéché : du personnel réquisitionné

Le personnel de Bretéché est à nouveau en grève. | Ouest-France – Philippe GAMBERT. Modifié le 13/06/2018 à 00h09

Publié le 05/06/2018 à 22h18

Une partie du personnel de la clinique nantaise Bretéché a de nouveau cessé le travail. Hier soir, des soignants ont été réquisitionnés par arrêté préfectoral.

Le personnel de la clinique Bretéché (groupe Elsan), à Nantes, est à nouveau en grève pour une durée illimitée.

Le mouvement a démarré en mai. Il avait été interrompu au bout de deux jours, après l’annonce de timides avancées et surtout l’ouverture de discussions dans le cadre des négociations annuelles obligatoires. Mais les nombreuses rencontres avec la direction n’ont pas porté leurs fruits, selon la CFDT et la CGT.

Une majorité de salariés a donc décidé de cesser à nouveau le travail. La hausse du point d’indice obtenue est insuffisante aux yeux du personnel, qui réclame toujours, par ailleurs, un vrai treizième mois. Certains agents ne perçoivent que le Smic (salaire minimum). Des infirmières ne gagnent que 1 350 € net.

« Sans vouloir intervenir dans les discussions salariales », les médecins ont fait savoir leur soutien au mouvement du personnel. « Nous sommes conscients de leur professionnalisme, de leur implication quotidienne et de leurs qualités humaines, qui font, entre autres, la réputation de la clinique Bretéché, soulignent-ils.  Nous regrettons avant tout les conséquences pour les patients et souhaitons une résolution rapide et durable de ce conflit. »

Du fait de la grève, des opérations ont dû être déprogrammées ou reportées. Des patients ont été orientés vers d’autres établissements. Pour s’occuper de ceux qui demeurent hospitalisés à la clinique, la direction a demandé et obtenu, via l’Agence régionale de santé, la réquisition d’un nombre suffisant d’agents pour assurer un service minimum, tel que prévu par la réglementation. Cette réquisition a pris effet, par arrêté préfectoral, dès mardi soir et pour une durée de 48 heures.

Nantes. Clinique Bretéché : une porte de sortie à la grève ?

Le personnel a vécu hier son cinquième jour de grève. Deux en mai et trois consécutifs en juin, depuis mardi 5 juin. | Ouest-France – Publié le 07/06/2018 à 20h55

La direction de la clinique nantaise Bretéché a fait de nouvelles propositions salariales. Un nouveau vote doit avoir lieu ce vendredi 8 juin, pour choisir entre deux solutions.

Ce matin du jeudi 7 juin, par vote, le personnel en grève de la clinique Bretéché de Nantes a rejeté à une très large majorité (80 %) les propositions de la direction. Les négociations se sont ensuite poursuivies de 11 h à 17 h. Presque non-stop.

Face à la détermination du personnel, Elsan a fait de vrais efforts. Bref, le groupe de santé a mis dans la balance des sommes importantes. Et les délégués syndicaux CFDT et CGT ont retenu deux solutions assez proches. Avec, dans les deux cas, à terme, la création d’un 13mois pérenne au prorata du temps travaillé et une vraie hausse de salaire d’ici 2019.

Nouveau vote

Certes, l’augmentation de l’indice obtenue, 7.13, est un peu inférieure à la revendication initiale, mais bien supérieure aux premières propositions de la direction. Au final, ce seront les salariés qui trancheront ce vendredi matin 8 juin, une nouvelle fois par vote. En attendant, des soignants sont toujours réquisitionnés pour assurer le service minimum à la clinique.

Rouen : la direction de l’hôpital psychiatrique occupée par une cinquantaine de salariés

Les 52 agents de l’hôpital psychiatrique qui occupent depuis jeudi soir les locaux de la direction réclament la création de 52 postes.

Le Monde.fr avec AFP | 01.06.2018 à 12h16

 

Dans le cadre d’un mouvement social débuté à la fin de mars, une cinquantaine d’agents du centre hospitalier du Rouvray de l’agglomération de Rouen occupent les locaux de leur direction, après y avoir passé la nuit de jeudi à vendredi, a-t-on appris vendredi 1er juin de source policière.

« L’occupation par cinquante-deux personnes se poursuivra jusqu’à obtenir la création de 52 postes ou bien d’être délogés par la police », a affirmé Sébastien Ascoet, cadre de santé et délégué syndical CGT, au nom de l’intersyndicale CGT, CFDT, SUD et CFTC. Selon lui, « les personnels de direction avaient abandonné leurs bâtiments [jeudi] dans la matinée ».

Depuis le 22 mars, trois salariés ont commencé une grève de la faim, et quatre salariés les ont rejoints le 21 mai. « Leur état de santé est de plus en plus critique. Ils pourraient en ressortir avec des séquelles », a affirmé M. Ascoet vendredi.

« Surpopulation et dégradation des conditions de travail »

Les grévistes de cet hôpital, dit « du Rouvray », situé à Sotteville-lès-Rouen, dénoncent « une surpopulation chronique » du centre hospitalier et « une dégradation des conditions de travail et d’accueil ».

Sollicitée, la direction de l’hôpital n’a souhaité faire « aucun commentaire sur les événements en cours ». Le 24 mai, elle avait estimé qu’il n’y avait « plus de suroccupation dans l’établissement à la suite d’un ensemble d’actions mises en place le 15 avril ». La direction avait notamment annoncé l’embauche de cinq contractuels, un chiffre jugé « ridicule » par les syndicats.

Le nombre d’hospitalisations a augmenté de 8,4 % entre 2014 et 2016, selon les données du dernier rapport d’activité de l’établissement. Entre 2014 et 2016, les effectifs en équivalent temps plein n’ont progressé que de 0,5 %, passant de 1 941 à 1 951.

A l’hôpital du Rouvray, « la situation devient critique » pour les grévistes de la faim

Parmi les revendications des soignants en psychiatrie : la mise en place d’une unité spécifique pour adolescents et la création de 52 postes d’infirmiers.

LE MONDE | 06.06.2018 à 10h30 • Mis à jour le 07.06.2018 à 07h49 | Par Aurore Esclauze (Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), envoyée spéciale)

Allongé sur une civière, Manos Kappatos est évacué par le SAMU sous un tonnerre d’applaudissements. Sur les sept soignants de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen (Seine-Maritime), qui ont entamé une grève de la faim il y a quinze jours pour dénoncer leurs conditions de travail, il est le troisième, mardi 5 juin, à devoir être hospitalisé en urgence. Parmi les revendications des grévistes : la mise en place d’une unité spécifique pour adolescents et la création de 52 postes d’infirmiers.

Sur le parvis de l’hôpital, une banderole avec un énorme doigt d’honneur peint en noir attire tous les regards, en réponse à l’absence de dialogue avec la direction et l’agence régionale de santé (ARS). Autour du piquet de grève, les slogans se multiplient : « Mon HP va craquer », « Face à l’indifférence, ici on crève ! ». Le visage grave, les grévistes en blouse blanche trempée par la pluie continuent à accrocher des affiches.

Dans une tente de fortune installée dans le hall, Thomas Petit, le teint livide sous son bonnet, juge que « la situation devient critique ». Lui-même a perdu 12 kg. « C’est paradoxal que nous devions mettre en péril notre santé pour nous faire entendre », dit-il dans un soupir.

Face au caractère exceptionnel de cette mobilisation, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé, mardi après-midi, à l’Assemblée nationale, l’envoi de trois émissaires, « pour mener une enquête flash, un audit, et voir quels moyens sont nécessaires pour accompagner cet établissement ». « Vous avez raison de pointer du doigt la situation critique de la psychiatrie française », a-t-elle lancé au député communiste Hubert Wulfranc, qui l’interpellait sur le manque de moyens dans le secteur.

Mardi soir, une délégation intersyndicale a été reçue par la directrice de l’ARS de Normandie, Christine Gardel, une première depuis le début de la grève de la faim des soignants. Une nouvelle rencontre est prévue mercredi en fin de journée.

« Capacité d’accueil de 115 % »

Alors que les pouvoirs publics se sont engagés la semaine dernière à créer une unité hospitalière destinée aux soins des détenus et une autre spécialisée dans la psychiatrie des adolescents, le bras de fer est engagé entre les syndiqués et l’ARS de Normandie. L’envoi d’une mission est accueilli fraîchement par les grévistes. « Ce ne sera pas une première. On conclut toujours qu’il faut recruter. Pourquoi perdre du temps ? », s’interroge Agathe Chopart, infirmière et représentante CGT du personnel.

« Nous sommes à 115 % de notre capacité d’accueil, il nous faut, au minimum, 52 nouveaux infirmiers », affirme-t-elle, décrivant des patients placés dans « n’importe quelle unité, faute de place », certains étant installés d’urgence dans des lits de fortune « sans oreiller », dans un bureau tout juste débarrassé de ses meubles. « On en est au point où la direction et la commission médicale d’établissement [la structure représentant les médecins] ont décidé de faire partir le plus vite possible les patients “les moins pires”. »

« Les négociations sont en cours et nous travaillons à la rédaction d’un protocole de sortie de grève », a annoncé l’agence régionale de santé à l’Agence France-Presse (AFP). Interrogée mercredi sur France Inter, Christine Gardel a exclu de démissionner, expliquant que la discussion entamée mardi avait été « très calme et très posée ». Mais les syndicats sont toujours réservés. « Pour nous, ce n’est pas du tout le début d’une négociation, on est encore très loin des besoins et il n’y a pas de proposition de création de postes », a déclaré à l’AFP Sébastien Ascoet, délégué syndical CGT. Une assemblée générale du personnel est prévue à 14 h 15.

Nombre de soignants sont sous antidépresseurs, selon la représentante syndicale Agathe Chopart. Ils culpabilisent notamment quant au sort réservé aux mineurs. « Les adolescents sont vulnérables. Leur pathologie est balbutiante, mais on ne les soigne pas, on se contente de les prendre en charge », dit-elle. L’unité ne devra toutefois pas concentrer tous les nouveaux postes, fait valoir Gilles Barthe, psychiatre dans l’établissement et membre de l’Union syndicale de la psychiatrie : « Nous avons besoin des infirmiers partout. Ce sont eux qui connaissent le terrain et qui peuvent aiguiller les psychiatres. » Sollicitée, la direction n’a pas souhaité s’exprimer.

Une marche de soutien était prévue mercredi 6 juin à Sotteville-lès-Rouen, les dockers du port de Rouen annoncent, eux, un « jeudi noir », le 7 juin, pour soutenir le personnel hospitalier. Mardi, Jean-Yves Herment, hospitalisé vingt-quatre heures plus tôt, est revenu auprès de Thomas Petit. « La fin de la grève de la faim ne sera pas la fin du mouvement. Ce que l’on veut, c’est pouvoir négocier avec l’ARS et le ministère. »

Superbes photos sur : http://www.liberation.fr/france/2018/06/08/faim-de-consideration-l-hopital-du-rouvray-en-greve_1657398

il y en a plein d’autres sur le site

Santé – Sciences

Sotteville-les-Rouen : Philippe Poutou à l’hôpital psychiatrique du Rouvray pour soutenir les grévistes de la faim

samedi 2 juin 2018 à 21:43 Par Hélène Fromenty, France Bleu Normandie (Seine-Maritime – Eure)

Après Benoit Hamon, Philippe Poutou s’est rendu samedi à l’hôpital psychiatrique du Rouvray, à Sotteville-les-Rouen. Le candidat ouvrier à la présidentielle est venu soutenir les sept employés en grève de la fin depuis 13 jours. Ils réclament 52 postes et de meilleures conditions de travail.

Philippe Poutou a passé l’après-midi aux côtés des sept grévistes de la faim et de leurs collègues. © Radio France – Hélène Fromenty

Sotteville-lès-Rouen, France

Ils n’ont pas mangé depuis 13 jours. La grève de la faim continue pour sept employés de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, à Sotteville-les-Rouen. Depuis le milieu de semaine, des dizaines de salariés grévistes occupent aussi les bâtiments de l’administration pour dénoncer leurs conditions de travail. Tous réclament la création de 52 postes paramédicaux, et l’ouverture d’une unité pour adolescents. Mais ils se disent délaissés par leur direction, le gouvernement et les pouvoirs publics.  

Après Benoit Hamon mardi, c’était au tour de l’ancien candidat ouvrier du NPA à la présidentielle, Philippe Poutou, de venir sur place samedi pour soutenir le mouvement. Pendant la campagne, en avril dernier, il avait déjà rencontré des personnels du CHS, alors en lutte contre les coupes budgétaires. Cette fois il a pris la défense des services publics en général. 

« Cette grogne est représentative du démantèlement de la fonction publique. L’accueil et les soins des patients sont de moins en moins bons, les conditions de travail sont terribles. A cause d’une réduction de moyens, tout est en train de se casser la gueule et il n’y a toujours pas de réponse du gouvernement. C’est important d’être nombreux à les soutenir car ça concerne tout le monde. »

Complications à venir

Les personnels en ont profité pour alerter sur l’état de santé des grévistes de la faim : certains ont déjà perdu 12,8% de leur poids après presque deux semaines sans manger. « C’est énorme, mais rien que l’idée de la grève de la faim, ça montre bien le niveau de ras-le-bol des personnels. A force de ne pas se faire entendre, on utilise des moyens de lutte dangereux pour nous-même, avec des complications de santé en perspective. C’est assez inquiétant et ça rajoute à l’urgence d’agir. »

Soutien aux salarié.e.s de l’hôpital psychiatrique du Rouvray (Rouen) en grève dont 7 en grève de la faim! Pour des embauches, pour soulager leurs conditions de travail, pour la prise en charge décente des malades. Toute la « santé » est en danger. Il y a urgence pour agir ! pic.twitter.com/rXXT4bsB6D

— Philippe Poutou (@PhilippePoutou) June 2, 2018

Les grévistes organisent une marche de soutien dans Rouen lundi, à 18 heures, au départ de l’hôtel de ville. Ils entameront leur 14e jour de grève.

Grève de la faim à l’hôpital psychiatrique du Rouvray : les leçons de la sortie de crise

Par Eric Favereau — 11 juin 2018 à 12:24

A Sotteville-lès-Rouen, sur le centre hospitalier psychatrique du Rouvray, la semaine dernière. Photo Martin Colombet. HansLucas pour Libération

Après deux mois de conflit social, dont deux semaines de grève de la faim, dans un établissement en grave manque de moyens, les autorités ont annoncé la création de trente postes, un geste historique pour la psychiatrie publique, où depuis dix ans les politiques officielles se traduisent par une réduction constante des effectifs.
  • Grève de la faim à l’hôpital psychiatrique du Rouvray : les leçons de la sortie de crise

L’air de rien, ce qui s’est passé à l’hôpital psychiatrique de Rouvray (Seine-Maritime), près de Rouen, où un conflit long de deux semaines s’est achevé ce week-end avec l’annonce de la création de trente postes, est peu banal, voire historique.

D’abord, les modes d’action : une grève de la faim dans le monde de la santé est rarissime. Il y en avait eu une au CHU de Limoges (Haute-Vienne), il y a deux ans, mais d’ordinaire, les professionnels de santé rechignent à ce type d’actions qui entrent en opposition avec leur éthique. Là, à Rouvray, il y a eu huit grévistes de la faim, l’intersyndicale mettant en avant que les autres formes d’actions n’avaient provoqué aucune réaction de la part des autorités, que ce soit celle de l’hôpital ou de l’Agence régionale de santé. Manifestement, alors que tout le monde pointe le malaise des soignants, le dialogue social n’est pas au plus haut.

Temps de restructuration

Ensuite, le fait que les autorités sanitaires aient lâché sur les emplois, proposant donc trente nouveaux postes, est une première. Depuis des années, au niveau du ministère de la Santé comme au niveau des Agences régionales, il y avait comme une consigne implicite devant chaque conflit social : ne jamais lâcher sur l’emploi. Comme s’il y en avait toujours trop. Comme si les postes étaient mal répartis et qu’en ces temps de restructuration, il ne fallait surtout pas créer d’appel d’air. Là, pour la première fois, ils ont lâché. Et cela intervient en psychiatrie publique, un champ où depuis dix ans les politiques officielles se traduisent par une réduction constante des effectifs.

Outre cette création de postes – 21 en 2018 et 9 au premier semestre 2019 –, l’accord prévoit aussi l’ouverture d’une unité pour adolescents «avec les moyens correspondants, c’est-à-dire des créations de postes», ainsi que celle d’une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), c’est-à-dire qui prend en charge des personnes incarcérées nécessitant des soins psychiatriques en hospitalisation complète. Le nombre d’emplois créés dans ces unités sera défini ultérieurement, a ajouté le syndicaliste. Bref, une vraie victoire, même si en ces temps sécuritaires la création d’une UHSA reste problématique.

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Enfin, ce conflit a mis en avant la qualité des soins, pointant le fait que faute de personnel suffisant, aides-soignants comme infirmières se retrouvaient à être maltraitants. Ce conflit a été donc porté par le personnel. Et non par le corps médical. Ce qui laisse pantois. «On bourre nos patients de médicaments, on leur donne leur repas et basta», disait à Libération une gréviste. La qualité des soins et de la prise en charge est pourtant de la responsabilité directe des psychiatres. Si la qualité des soins était à ce point ébréchée, comment diable la collectivité médicale pouvait-elle s’en accommoder ? Comme si ces derniers avaient déjà baissé les bras, n’y croyant même plus. Et c’est de ce point de vue une leçon inquiétante.

Eric Favereau

Pascal Pavageau (FO) met en garde contre une dérive vers la « radicalité »

Pascal Pavageau regrette le manque de dialogue de la part du gouvernement.@ GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Prenant l’exemple des grévistes de la faim à l’hôpital psychiatrique de Rouen, le secrétaire général de FO a mis en garde le gouvernement contre ses méthodes de dialogue social.

Le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Pascal Pavageau, a mis en garde dimanche le gouvernement contre une dérive vers la « radicalité » des salariés et des mouvements sociaux, faute de négociations, estimant qu’il prenait là une « responsabilité historique ».

Un « problème de méthode ». Évoquant dans l’émission Questions politiques sur France Inter/franceinfo/France 2 les grévistes de la faim de l’hôpital psychiatrique de Rouen, qui ont mis fin vendredi à leur mouvement entamé le 21 mai après avoir obtenu la création de 30 postes, Pascal Pavageau s’est indigné qu’il faille « en arriver à cette radicalité de faire une grève de la faim pour obtenir 30 postes, ce qui ne répond même pas aux besoins ». « Nous avons un problème de méthode », avec des passages « en force sans écouter », a dénoncé le numéro un de FO.

Dans ce contexte, « il faut qu’on fasse très attention à ce qu’on ne pousse pas les personnels, les salariés, à une forme de radicalité en leur refusant la négociation et la discussion ». Autrement, le résultat, selon lui, c’est que « la prochaine fois », ce ne sera « pas une mobilisation traditionnelle puisqu’on refuse la négociation ». « La prochaine fois, ce sera insurrectionnel », a-t-il averti.

« Démocratiquement ça va se payer ». « Le gouvernement est en train de prendre une responsabilité historique que de ne pas entendre les contre-poids et de refuser de négocier » avec les organisations syndicales, a souligné Pascal Pavageau, selon qui le gouvernement « pousse » aussi le patronat à ne pas négocier ». « Démocratiquement ça va se payer. C’est extrêmement dangereux. »

Mise en garde sur les aides sociales

Pascal Pavageau a également appelé le gouvernement à ne pas « rentrer dans la discussion » sur une réforme des aides sociales « en disant ‘on ne touchera pas à des aides sociales pour les plus pauvres' ». « La question éventuelle de la transformation d’une aide sociale liée à l’évolution du besoin, qui ne serait plus le même aujourd’hui qu’il y a dix ans, mais parlons-en, ça nécessite une vraie évaluation », a expliqué le responsable syndical. « Mais on ne peut pas rentrer dans la discussion en disant : ‘on ne touchera pas à des aides sociales pour les plus pauvres’ ! », a-t-il prévenu. « D’abord c’est quoi les plus pauvres ? C’est quoi le niveau de pauvreté ? », a-t-il interrogé. Et au-delà, a-t-il rappelé, les aides sociales « sont là aussi pour empêcher » de « tomber » dans la pauvreté. Il a évoqué « une logique de rempart, de protection et de digue ».