Mercredi 8 février 2017: spirale de la violence…
Article repris de facebook de Nantes révoltée: https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/
Nantes : la manifestation pour Théo attaquée et nassée par la police
Il y en avait du monde ce mercredi soir, Place Bouffay, en colère contre le viol de Théo à Aulnay-sous-Bois et plus généralement contre la violence d’État. Beaucoup de monde et de courage, malgré le dispositif policier délirant, avec des centaines de policiers ceinturant la place, contrôlant les passants et bloquant l’accès des grands axes de circulation.
500 personnes se retrouvent sur la place à la nuit tombante. Contre les humiliations, le racisme, et l’impunité policières. Alors qu’ont lieu des prises de paroles, on apprend que plusieurs manifestants ont déjà été interpellés. Derrière une banderole « Solidarité avec Aulnay, justice pour Théo », le cortège s’ébranle, dans l’air rougi par les fumigènes. Nous sommes autour de 19H.
Un cri émerge alors de la foule « La police viole, Nantes, debout, soulève toi », ou « Zyed, Bouna, Théo et Adama, on n’oublie pas, on ne pardonne pas ».
Un quart d’heure plus tard, la manifestation est déjà terminée. Place de la Petite Hollande. Encerclée par des dizaines de policiers en armures et d’ombres de la BAC, couvertes de noir des pieds à la tête, braquant le viseur lumineux de leurs armes à hauteur de têtes. Y compris celles de journalistes.
Entretemps, le cortège avait été chargé plusieurs fois, et visé par des salves de grenades lacrymogènes devant l’hôtel Dieu. Un hélicoptère braque son projecteur surpuissant sur la foule prise en étau dans une cellule à ciel ouvert, de casques et de boucliers. Des coups pleuvront sur quelques manifestants encerclés. La police ira jusqu’à gazer au sein de la nasse. Et charger ceux qui, à l’extérieur, protesteront contre la méthode.
Une deuxième manœuvre tentera d’encercler à nouveau un groupe de manifestants fraîchement relâchés. Une quinzaine de personnes sont emmenées au poste.
Nous sommes en France, en 2017. État d’urgence et fin de règne socialiste. Dans une ville où 40 militants d’extrême droite armés et casqués ont pu parader dans les rues vendredi dernier. Dans une ville où 500 personnes défilant contre un crime policier sont attaquées.
Vos répressions ne tariront pas notre seum.
Article du Collectif des sociologues atterrés
L’article intitulé « Comment Nantes Révoltée donne le ton des manifs » paru dans Ouest-France le 3 mai 2016 a profondément choqué de nombreux acteurs du mouvement nantais de protestation contre la réforme du Code du travail (éd. Nantes, p. 9). Il a également courroucé les quelques observateurs qui, comme nous, le suivent avec assiduité, y compris en amont des manifestations elles-mêmes. En effet, cet article très faiblement étayé par des faits précis et vérifiés sombre clairement dans la diffamation à plusieurs reprises. Et plus particulièrement lorsqu’en contradiction flagrante avec sa photographie d’illustration, il évoque les « chefs » qui se positionnent systématiquement « trois rangs derrière les plus jeunes qu’ils laissent s’énerver devant ». Ou pire encore, quand le soin de conclure est laissé aux bonnes grâces d’« un policier » dont les propos se trouvent retranscrits sans la moindre vérification journalistique de leur éventuelle validité. L’« analyse » (sic) du mouvement social en cours proposée par ce policier anonyme va jusqu’à expliquer avec certitude que Nantes Révoltée missionne ses « lieutenants » pour recruter « dans les lycées des jeunes influençables » aux fins de les envoyer ensuite après formation « en première ligne face aux forces de l’ordre ». Non seulement ces propos sont inexacts et donc mensongers, mais leur reprise sans le moindre contrôle conduit Ouest-France à postuler que la jeunesse qui manifeste en ce moment serait une jeunesse manipulable et explicitement manipulée localement par Nantes Révoltée. Ce qui est loin d’être démontré dans l’article incriminé tant font défaut les constats et les preuves qui permettraient d’attester sans contestation possible que Nantes Révoltée est bel et bien le « bras armé de l’ultra gauche », tel que cela est d’ailleurs asséné à la une de l’édition du 3 mai 2016.
En tant que sociologues de profession ayant suivi les onze manifestations qui se sont tenues à Nantes depuis deux mois au plus près des manifestants jeunes et moins jeunes, des syndicats et des dispositifs policiers, une telle présentation particulièrement erronée du rôle et des activités de Nantes Révoltée ne peut être admise sans réaction de notre part. L’usage d’une rhétorique du récit qui emprunte au registre militaire (« bras armé », « chefs »…) pour créer un effet de réalité propre à stigmatiser le groupe en le rejetant du côté de l’action clandestine et de la manipulation ne saurait à nos yeux suppléer l’absence d’un travail minimal d’enquête journalistique, au sens noble de l’expression. Certes, nous ne disposons pas à ce jour du temps de recul nécessaire pour être en mesure d’opposer sur le champ une analyse sociologique rigoureuse fondée sur nos propres observations collectivement réalisées. Nous n’ignorons pas non plus qu’à la différence des sociologues qui bénéficient d’un temps long pour développer et solidifier leurs interprétations, les journalistes sont nécessairement soumis à l’urgence et au temps court du commentaire « à chaud ». Pour autant, au regard des contre-vérités identifiées, il nous apparaît relever de notre devoir professionnel d’analystes du monde social d’inviter la rédaction d’Ouest-France à davantage de mesure dans le traitement de l’information et dans le contrôle éditorial des articles qu’elle laisse paraître sur le thème des manifestations nantaises. Plutôt que de s’inscrire dans la perspective simplificatrice d’un improbable repérage des chefs et des meneurs qui seraient responsables des débordements constatés « en marge » de ces manifestations, un plus grand sérieux journalistique ne devrait-il pas déontologiquement s’imposer ? En commençant, par exemple, par se demander si le propre des groupes du type « anars », « autonomes » et autres « déters » qui se renouvellent à Nantes depuis une trentaine d’années ne serait pas, justement, qu’ils n’ont pas de « chefs » ni davantage de pratiques explicites et coordonnées de recrutement ? Si tel était le cas, il y a en effet bien longtemps que la police et la justice auraient identifié, interpellé et jugé ces « chefs », preuves judiciaires accumulées à l’appui. Quoi qu’il en soit, pour un quotidien dont la devise est « Justice et Liberté », il nous paraît tout à fait irresponsable d’avoir ainsi proposé aux Nantais une explication particulièrement réductrice et partiale de la réalité sociale fort complexe d’un mouvement protestataire multiforme tel celui qu’agrège aujourd’hui Nantes-Révoltée et ses 20 900 sympathisants déclarés sur Facebook. Ceci dans le prolongement d’une longue série historique de groupements du même type qui prospéraient antérieurement dans l’agglomération nantaise alors même que les fondateurs de Nantes Révoltée n’étaient pas encore nés.
Pour terminer, nous ne manquerons pas de remarquer que la photographie associée à l’article sur le thème sur l’extrême-droite nantaise, également paru en p. 9 de l’édition du 3 mai 2016, s’est attachée à présenter des visages efficacement « floutés ». Juste à côté, celle qui illustrait les propos tenus sur Nantes Révoltée laissait pour sa part apparaître le visage des participants des premiers rangs d’une récente manifestation sans la moindre correction d’image. Ce traitement ouvertement différencié n’a pas manqué, lui aussi, de choquer profondément ni d’offrir une bien piètre image du métier de journaliste en confortant de ce fait les représentations spontanées que s’en font nombre des jeunes protestataires du moment.
Nantes, le 6 mai 2016
Collectif de sociologues nantais atterrés
Voir l’article sur : http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/comment-nantes-revoltee-donne-le-ton-des-manifs-4203268
Qui alimente la haine ?
Un manifestant a été blessé lors de heurts avec la police, jeudi à Nantes, au cours de la manifestation contre le projet de loi travail. L’inspection générale de la police nationale a été saisie pour savoir s’il a été victime de violences policières.
La scène a été filmée par un témoin depuis un appartement donnant sur le Boulevard Amiral Courbet à Nantes. On y voit des fonctionnaires du groupe de sécurité de proximité de la police nationale en pleine intervention au cours de la manifestation contre le projet de loi travail.
L’un d’entre eux semble donner un coup de matraque à un manifestant, mégaphone en bandoulière. L’homme de 32 ans se relève, fait quelques pas, avant d’être poussé par un policier, et de tomber sur la voie du tramway.
Vidéo tournée par un témoin :
Sept points de suture
Blessé, le manifestant a dû se faire poser sept points de suture à la tempe. Il a été placé en garde à vue avant d’être relâché sans poursuite.
La procureure de Nantes a saisi l’IGPN (la police des polices) pour établir les circonstances de cette interpellation.