Régression du bocage
Du remembrement au plan de gestion des haies bocagères: dans les années 1860 à 1970, le bocage a régressé ou disparu sur une grande partie de son aire antérieure :
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- on estime à 40 000 km les haies détruites dans le seul département du Finistère
- ce sont 2 millions de km de haies, pour l’ensemble de la France, et ceci non sans conséquences.
Dans les années 1970 à 1990, les grands remembrements faits en France achèvent de détruire une grande partie du réseau bocager. S’ajoutent à cette catastrophe écologique, les effets de l’épidémie de graphiose de l’orme qui tue presque tous les grands ormes de France, autrefois très présents dans le bocage8.
- à titre d’exemple, en Bretagne, on estime que le linéaire bocager a chuté à environ 74 000 km en 1971, 24 000 km en 1980 et 26 000 km en 1996.
Dans les années 1990 à 2010, la vitesse et l’ampleur de la régression ont diminué. Mais le recul s’est poursuivi, avec une perte estimée d’environ 1000 km de haies par an de 1996 à 2009, soit 16 000 km supplémentaires perdus en 13 ans; et ceci malgré les opérations de restauration de bocage.
- par exemple, 760 km de haies ont été replantées avec l’aide du Conseil général du Finistère de 1991 à 2009 (wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Bocage)
Quelle replantation ?
Depuis quelques temps, les chambres d’agriculture favorisent la replantation des haies bocagères (avec subventions ). Mais bien souvent ces replantations se font « à plat ». Alors que la haie classique était planté sur un talus formé à partir de la terre retirée du fossé. Ceci a différentes fonctions: une meilleure rétention et protection de l’eau ainsi qu’une forte limitation de l’érosion agricole,
- Lors de la saison humide, le fossé draine les sols. Le talus bloque le ruissellement, et donc la détérioration ou la destruction de la terre cultivable. La haie protège du vent, susceptible de dévaster des cultures.
- Lors de la saison sèche, le fossé hydrate le sol, et donc augmente le rendement de la production agricole.
La manière dont ces haies sont construites ( forme et végétation) ont permis l’habitat d’une faune qui s’est adaptée. D’où le cri d’alarme des botanistes concernant les nouvelles haies:
La petite faune sans abri dans les haies sans talus
Les naturalistes dénoncent la suppression des haies bocagères d‘antan. Les nouvelles ne répondraient pas aux exigences biologiques et écologiques d‘espèces en voie de disparition.
Au cours de la première quinzaine de décembre, les responsables du service Bocage et paysage de la chambre d‘agriculture de Loire-Atlantique ont distribué 15 000 plants destinés à replanter environ 15 km de haies bocagères (Ouest-France du 13 décembre). Nous évoquions dans cet article, « la reconstitution des haies d’antan, disparues. sous les effets conjugués des remembrements et de l‘urbanisation ».
Des nouvelles haies, sans talus ni fossés
Cette opération de la chambre d‘agriculture, ne fait pas l‘unanimité au sein de la famille des naturalistes, qui en font une autre lecture. « Nous ne pouvons que nous réjouir de ces initiatives, même si leurs promoteurs sont globalement les mêmes qui, il y a encore quelques décennies, encourageaient les restructurations foncières de nos communes rurales, et leurs travaux connexes: arasements massifs de haies, comblements de mares ... », notent Didier Montfort, Gaëtan Guiller et Jérôme Le Gentilhomme, tous trois membres de la Société herpétologique de France.
« Toutefois, il nous est difficile d‘accepter que ces replantations reconstituent les haies d’antan. En effet, elles présentaient, toujours ou presque, un talus herbacé et un fossé. Habitats essentiels à une petite faune sauvage: invertébrés, reptiles, amphibiens, rongeurs, insectivores ou petits carnivores ... , que n‘offrent plus ces plantations. »
Baisse de la biodiversité
Gaëtan Guiller et Jérôme Legentilhomme, qui habitent dans le secteur de la région de Blain, l‘assurent: « En moins de quinze ans, nous avons vu s‘effondrer les populations de reptiles, précieux auxiliaires de l’agriculture, protégés par la loi pour la plupart d‘entre eux ... Mais néanmoins victimes, par centaines, des remembrements agricoles contemporains ! Sur 28 km2 de la commune de Bouvron par exemple, le nombre d’observations de vipères est passé de 938 en 1997, à 120, en 2014. »
Selon nos deux naturalistes, « pour subsister, cette petite faune ne peut, hélas, se contenter de ces programmes de plantations d‘arbres. Certes sympathiques, mais probablement plus à même de.satisfaire la bonne conscience générale que les exigences biologiques et écologiques de nombre d‘espèces en voie de disparition ».(O-F Blain)
Des nouvelles replantations respectant la biodiversité:
Nous prendrons l’exemple de Thierry Guéhenneuc (sylviculteur et technicien en agri-environnement) qui a mis au point une technique utilisable avec un tracteur agricole, souple moins couteuse que le talutage à la pelleteuse et plus favorables à l’installation de plants. M. Guéhenneuc est entrepreneur associé aux Coopératives d’Activités et d’Emplois des Côtes d’Armor. Il est déjà intervenu dans le 44.
Le plan de gestion des haies bocagères
Le développement de la filière bois énergie et l’installation de chaufferies sur les territoires est une opportunité à la fois économique et professionnelle pour valoriser durablement le bois issu de l’entretien du bocage.
Le plan de gestion peut se faire à la parcelle, à l’exploitation, ou à la commune. La durée de ce plan de gestion tourne autour de 15 ans. Nous avons l’exemple d’un plan des gestion pour une exploitation dans les Côtes d’Armor.
Actuellement, l’inventaire des haies sur la commune est incluse dans le PLU, nous pouvons lui adjoindre un inventaire de sa capacité en bois-énergie et proposé un plan de gestion. Encore faut-il que tous les acteurs soient convaincus de la nécessité de la préservation de ces haies, véritables coffre-forts de notre biodiversité ordinaire. (les tritons, les grenouilles longent ces fossé pour aller aux mares au moment de la reproduction par exemple), mais aussi de leur valorisation, alors que la présence même de ces haies va parfois à l’encontre des critères de la PAC pour les subventions. Dans ce moment de crise agricole, une autre source de revenu n’est pas à négliger.
Souvent, ces inventaires se basent sur la typologie des différentes haies classée selon l’ONSCFS: la haie disparue, la lisère enherbée, la haie arbustive, les alignements arborés, la haie multistrate, la haie horticole. Ils peuvent être plus approfondis: nous avons l’exemple de l’inventaire qui a été fait à Vieillevigne; nous avons la chance que ce rapport soit en ligne.
Nous avons également en ligne l’exemple du cahier des charges d’un plan de gestion, élaboré pour la chambre d’agriculture du Calvados. Le CIVAM-DEFI peut aider à la mise en place d’un plan de gestion communale. Nous avons l’exemple de la Grigonnais qui a mis en place une chaudière communale et qui a souhaité qu’elle soit alimenté en priorité par le bois des haies communales. Ce plan comprend un état des lieux du bocage, la planification de l’entretien par secteur et type d’intervention, l’estimation de la ressource en bois bois mobilisable mais aussi la formation des élus et de deux agents techniques en impliquant les agriculteurs. Le plan de gestion à l’échelle de l’exploitation bénéficie actuellement d’une aide du Conseil Départemental.
Exemple de Charte de bonnes pratiques pour l’entretien des haies et la production des plaquettes bocagères qui pourraient se mettre en place au Cellier.
Sur le matériel a utiliser, nous avons une fiche technique de mission Bocage. Mais là encore, nous verrons dans le document ci-après de l’AFAC, que l’un des meilleurs entretien de la haie se fait à la tronçonneuse tout simplement.
Sur la règlementation de la taille des haies pour les agriculteurs:
Les règles de conditionnalité 2016 sont parues. La BCAE 7 maintient la période d’interdiction de la taille des haies et des arbres du 1er avril au 31 juillet 2016. La conditionnalité des aides est un ensemble de règles à respecter pour tout agriculteur qui bénéficie d’une ou plusieurs des aides PAC. Ce principe a été introduit par la réforme de la PAC de 2003. Dans le cadre de la nouvelle PAC pour 2015, les règles de la conditionnalité ont été revues.
quelques associations :
CIVAM-DEFI 44 à Saffré, AFAC-Agroforesterie à Guéméné-Penfao, Mission Bocage à Beaupréau, PROM’HAIES en Poitou-Charente.