« Même si le métham-sodium offre de nombreux avantages (moins de produits phytosanitaires directement sur les cultures, pas de résidu, temps de dégradation rapide), il présente cependant un risque important. Dans les années 1990, quelques accidents (problèmes respiratoires chez les riverains, pollution de cours d’eau et d’étang avec mortalité importante de poissons) se sont produits. Un arrêté préfectoral a été pris pour encadrer les pratiques. » peut-on lire dans la Charte pour la prise en compte de l’Agriculture dans l’Aménagement du territoire publiée en 2013 disponible sur le site de la DTTM de Loire-Atlantique (voir à la fin du dossier).
Différents documents sont disponibles concernant ce produit. Nous commencerons par Wiki:
Le métham-sodium
Le métham sodium (ou méthylaminométhanedithioate de sodium, métham, carbathion, carbathione, carbothion, metam sodium, métamsodium ou metam-sodium) est l’un des biocides à très large spectre (il est à la fois pesticide, herbicide, et fongicide), utilisé comme fumigant des sols. Il est habituellement appliqué sur le sol, sous une bâche, de manière à laisser le temps au produit de bien pénétrer le sol pour y tuer les parasites (mais aussi la plupart des organismes vivants), avec plus ou moins de succès selon la nature du sol (qui doit être bien perméable au gaz pour qu’il agisse).
Très toxique pour la plupart des organismes, comme le bromure de méthyle qui avait des usages proches, il est interdit en Europe, mais encore fréquemment utilisé avec dérogation dans une quinzaine de pays en 2011, à condition de prouver qu’il existe un besoin essentiel de ce produit et que le pays demandeur étudie des alternatives (ex : allongement des rotations culturales, choix de variétés résistantes, agriculture bio…) et mette en œuvre un plan d’action à ce sujet.
Or, nous savons que quoiqu’en disent les agriculteurs des alternatives existent: la vapeur et la solarisation . Et c’est déjà écrit dans la charte citée plus haut. « mais la vapeur ? vous n’y pensez pas ! il faut 3000L de fuel à l’hectare!! ». Le métham, il en faut « seulement » 1200L, (utilisation pour les fraises) donc plus écolo » mais c’est oublier l’énergie qu’il a fallu consommer pour le produire… La vapeur est actuellement surtout utilisée sous tunnel et aussi en maraîchage BIO. Donc ils pourraient produire de la mâche BIO si ils utilisaient la vapeur…
Historique:
Dès 2009, la préfecture s’était inquiétée de l’utilisation massive de ce produit « qui serait un dérivé du NAPALM » (à confirmer), nous le retrouvons sous le terme commercial de VAPALM. Quelques maires à l’époque avaient fait part de leurs interrogations (Saint Colomban, Corcué sur Logne,…). En 2010 interdiction par l’Europe. Cela intervenait après quelques pollutions dans L’Oignon notamment. Les causes ont été reconnues dans la charte, citées plus haut: « même si le métam-sodium offre de nombreux avantages (moins de produits phytosanitaires directement sur les cultures, pas de résidu, temps de dégradation rapide), il présente cependant un risque important. Dans les années 1990, quelques accidents (problèmes respiratoires chez les riverains, pollution de cours d’eau et d’étang avec mortalité importante de poissons) se sont produits. Un arrêté préfectoral a été pris pour encadrer les pratiques. L’objectif était de diminuer les accidents mais aussi de sécuriser l’application, (arrêté du 26 juillet 1999).
Le métham-sodium interdit en Europe en raison de sa toxicité depuis janvier 2010 bénéficierait de dérogations dans 15 pays. Dont, la France à qui l’Europe aurait accordé, jusqu’en 2014, une dérogation pour la culture de la mâche. Il semble que la dérogation perdure…
Il existe, en effet, dans la Directive européenne sur les pesticides un article dont les dispositions permettent d’obtenir une «dérogation de 120 jours » donnant la possibilité, à un Etat membre, d’utiliser des pesticides interdits «en cas de danger imprévisible » pendant presque une saison culturale complète. Et il faut prouver qu’il n’y a pas d’alternative.
La France a sollicité des exemptions de la part de l’Europe pour les cultures suivantes : la mâche, les carottes, les tomates, les fraises, les asperges mais aussi les plantes ornementales, les arbres et les arbustes. Elle est aussi la plus grosse consommatrice de ce produit!
Depuis, en mars 2012, la commission européenne a voté favorablement l’inscription du métham-sodium à l’annexe 1 mais avec des conditions d’application plus restrictives qu’auparavant : une application tous les 3 ans à la dose de 300 L / ha. TamInCo, société belge propriétaire et commercialisant le métam-sodium, dispose d’un délai de deux ans pour déposer des éléments complémentaires permettant de justifier des doses et fréquences plus élevées, notamment pour la mâche. Et depuis que se passe-t’il?
Le métham-sodium en Loire-Atlantique
C’est une vieille histoire. Nous avons vu que cela a causé des cas de pollutions des rivières proches. mais aussi en septembre 2013, suite à une une défaillance technique, les pompiers et la cellule chimique sont intervenus dans le quartier du Champ-de-Foire, aux Sorinières. Ils ont déployé le dispositif de prévention des risques et pris en charge six personnes intoxiquées par les vapeurs d’un épandage sur un terrain voisin des habitations.
« On a eu un souci technique », explique le maraîcher, Dominique Visonneau. Une bête panne. « Un problème électrique qui a stoppé une pompe d’arrosage pendant une demi-heure. » Or en raison de sa toxicité, il ne doit pas être utilisé à proximité d’habitations:
- Ce produit étant efficace sous forme gazeuse, il nécessite un matériel de fumigation bien adapté, un sol préparé ou bien perméable au gaz, la pose de bâches correctement positionnées, l’absence de vent (si traitement en plein air) et le port d’une protection intégrale pour les applicateurs, d’être éloigné d’un mètre environ de tout végétal qu’on souhaiterait préserver, d’éloigner les animaux domestiques, enfants, riverains.
Le pesticide le plus vendu en Loire-Atlantique serait le métham-sodium (669 t par an entre 2009 et 2016), bien avant le glyphosate. Le troisième pesticide le plus vendu serait le mancozebe (40 t par an), un fongicide employé pour l’entretien de la vigne, des arbres fruitiers et des légumes.
A l’échelle nationale, la Loire-Atlantique serait le huitième département français pour la vente de pesticides : environ 1.800 t par an seraient achetées par des clients. La Marne la Gironde et l’Aube composent le trio de tête des départements, selon les chiffres dévoilés par Médiacités.
2017: pollution de l’Ognon.
La gaule nantaise a constaté une surmortalité de poissons et d’autres à l’agonie dans l’Ognon, sur le secteur de Pont-Saint-Martin. Comme l’an dernier. Une enquête est menée. Mais voilà, le métham-sodium est indétectable….
Or nous savons que depuis quelques années, nous observons que les années sont de plus en plus chaudes et que cela pourrait favoriser la non-maitrise de ce pesticide.
2018: + de 70 personnes intoxiquées en Maine et Loire
Un incident est intervenu , à Brain-sur-l’Authion, provoquant 17 hospitalisations. En tout 61 personnes, des ouvriers agricoles pour la plupart, avaient été exposées au métham sodium, et souffraient d’intoxication (irritation et gonflement des yeux, des voies respiratoires, vomissements…). A quoi sont dues les intoxications ? Des manquements supposés à la réglementation « associés à des conditions climatiques exceptionnelles (…) ont provoqué trois phénomènes d’intoxication de personnes présentes à proximité des épandages », explique la préfecture.
Concentré à l’état liquide dans les réservoirs, le métham-sodium se serait transformé gaz au contact du sol – un automne trop sec et trop chaud – créant des émanations toxiques sur de larges zones autour des champs.
Au Cellier (44)
Nous avons des tenues maraîchères, qui produisent de la mâche. Nous avions rencontré principalement un problème de sable qui partait régulièrement dans la Loire. En 2013, une enquête publique a eu lieu concernant la sécurisation de la prise d’eau de Mauves, qui se trouve à 2-3 km des écoulements pluviales des maraîchers. Cette sécurisation impose des contraintes (non utilisation de pesticides,…) aux personnes habitants en amont de cette prise d’eau, qui rappelons-nous fournit la moitié de l’eau potable du département. Les maraicher ont mis en place un PADAM (Plan d’Aménagement Durable des Abords Maraîchers) avec la création de retenues d’eau (et un étang).
Nous pouvons nous poser la question concernant les activités et les habitants de l’autre rive: pourquoi ne rentre-t’elle pas dans la plan de sécurisation de la prise d’eau de Mauves? D’autant plus que nous savons que la marée remonte jusqu’à Ancenis et qu’un brassage s’effectue ?
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