Il aura fallu 7 ans pour que la responsabilité de l’ETAT soit reconnue…par un tribunal administratif.(voir le site de Reporterre)
Rappelons les faits : dans la journée du 26 octobre 2014, nous entendons, dans un premier temps sur les ondes, qu’une personne est décédée sur le site de la manifestation contre le barrage de Sivens, suite à une trop forte alcoolisation, elle aurait 21 ans mais on ne sait pas son nom…Commence le mensonge de l’État : on connaît son âge mais pas son nom !!? Ce n’est qu’en fin de soirée que nous apprenons que les forces de l’ordre l’ont découvert sur le site des affrontements et n‘ont pu la réanimer. Tous les organes de presse répètent à l’envie les communiqués de l’AFP, (même que celui-ci par exemple) absente sur le terrain. Il n’y a que les journalistes de Reporterre présents sur le site qui décrivent réellement ce qui se passe…Vous avez sur ce site un historique plus complet.
Rappelons les acteurs : Premier ministre : M. Valls. Ministre de l’intérieur : M. Cazeneuve. Ministre de l’agriculture : M. Le Foll. Président du Conseil Départemental : Thierry Carcenac, il engage la réalisation d’un nouveau barrage sur le modèle du barrage de Fourrogue. Toutes ces personnes sont membres du Parti (dit) Socialiste.
Le 1er août 2014, Sylvain Rénier prend la tête du groupement de gendarmerie du Tarn en tant que lieutenant-colonel
Le 1erseptembre 2014, nomination d’un nouveau préfet: Thierry Gentilhomme. Il commence le déboisement d’une dizaine d’hectares de forêt à Sivens sans autorisation sous la protection des forces de l’ordre, donc en toute illégalité. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un préfet envoyer l’armée pour permettre ouvertement la commission d’une infraction, avant que l’enquête publique ne soit terminée.
Ségolène Royal met en place une commission d’experts pour temporiser avant d’émettre un avis. Début septembre, elle part aux USA, pour une conférence sur le climat. Occupant ce temps laissé vacant par Ségolène, Stéphane Le Foll n’a pas attendu les conclusions des experts pour affirmer, sur France Inter, que ce barrage devait se construire, en assurant que sa déclaration en faveur du barrage de Sivens était la position du ministre de l’agriculture mais aussi du porte-parole du gouvernement. Nous assistons alors, à la naissance des milices de la FNSEA…
M. Valls, premier ministre s’est rendu dans le Tarn en septembre pour dire « nous avons tenu bon à Sivens », « avec le ton martial et cette capacité à surjouer l’autorité qui le caractérisent. Je pense que cette déclaration de Manuel Valls, alors que le rapport des experts était en cours, a dégradé la situation. » Cécile Duflot.
Xavier Beulin, qui préside la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, largement représentée à la Compagnie d’aménagement des côteaux de Gascognes comme à l’agence de l’eau, qualifie les manifestants contre le barrage de « djihadistes verts ». « Quand une décision est prise, on l’exécute, sinon ce n’est plus une démocratie digne de ce nom », a déclaré le responsable du syndicat majoritaire, devant la presse, le 29 octobre 2014.
Sauf que c’était en toute illégalité comme cela avait été fait en 1998 dans ce même département pour le barrage de Fourogue. Même taille, même but, même exploitant, même maître d’œuvre, le barrage de Sivens avait beaucoup de points communs avec son voisin de Fourogue. Ce dernier est exploité depuis 1998 et pourtant, il est illégal. Une situation que les opposants voulaient éviter de reproduire à Sivens. Reportage sur France 3 ici et un article de la dépêche ici.
Lors de l’organisation du rassemblement festif des 25 et 26 octobre 2014 entre le préfet, la police et Ben Befetey, l’information est donnée que les forces de l’ordre se tiendront à distance de la manifestation pour éviter toutes provocations. Or celles ci se retrouvent le soir même sur « la base vie » des travaux, à défendre plus rien du tout puisque les engins de terrassement ne s’y trouvent pas. (Sur le déroulement de la soirée : Reporterre.)Qui a décidé de la présence de celles-ci ? Les manifestants sur place la vivent comme une provocation. Mais n’est ce pas ce qui était souhaité, puisque l’un des objectifs aurait pu être de faire des arrestations…
Qu’elle était donc cette décision de « tenir la base vie », était elle concertée? M. Carcenac a déclaré à propos de la mort du jeune homme : « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête » (La Dépêche du Midi, 27 octobre 2014 ). Après avoir exprimé « une pensée de compassion » pour la famille de ce manifestant de 21 ans, le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) Denis Favier a dit à BFMTV accorder son « soutien total » à l’escadron qui a dû faire face aux manifestants. François Hollande a annoncé le 28 octobre qu’il veillerait « personnellement » à ce toute la vérité soit faite sur le décès de Rémi Fraisse…
Sur les conclusions du tribunal administratif : https://reporterre.net/Mort-de-Remi-Fraisse-l-Etat-condamne; sur les conclusions du rapport de la commission d’enquête de la Ligue des Droits de l’Homme parues le 23 octobre 2015 sont ici.